Au foyer

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Régulièrement une discussion, une actualité, me fait repenser à ma condition de maman au foyer, en congé parental pour l’instant. A ce choix de vie en marge du monde, pour moi, et pour mes enfants aussi puisque notre grand n’a pas fait son entrée à l’école.

Régulièrement, je m’inquiète, je culpabilise, encore plus quand l’actualité s’en mêle pour me faire clairement me sentir comme un poids. Je coûte, et je n’apporte rien.

Bientôt, je ne serai plus en congé parental, je ne serai plus rien du tout. Je serai juste inutile à la société. Voilà comment je me sens face à tout ça. Triste, mal, coupable, de façon cyclique, avant de retrouver ma place dans mes choix, ma vie et ma tête, d’éprouver de la gratitude de pouvoir mener cette vie.

Et je m’interroge…

Si je pouvais confier mes enfants en toute confiance, sans qu’ils me reviennent fatigués, blessés, ou malades, à une nourrice ou à une crèche. Sans que la vie de famille devienne une course entre les horaires, les microbes et les heures de sommeil.

Si je pouvais les envoyer à l’école en toute confiance, sans qu’on se moque d’eux, qu’on raille ou punisse leurs erreurs ; s’ils pouvaient être accompagnés et respectés dans leur corps et dans leur esprit ; si on pouvait respecter leur fatigue, leur santé, et leur rythme d’apprentissage.

S’il leur était plus facile de construire et conserver leur confiance en eux, d’apprendre à se connaître, connaître leurs forces et en faire leurs alliées, pour trouver leur voie, réussir et être heureux.

Oui, peut-être que si je pouvais avoir confiance, peut-être aussi que si ce monde n’était pas aussi fou, que les politiques nous donnaient un peu plus d’espoir, alors oui peut-être qu’alors, je me sentirais plus à ma place dans un travail qu’à la maison.

Mais le monde est tel qu’il est et je ne suis pas en phase avec lui. J’essaie de lui appartenir à ma façon, plus en retrait, pour l’instant du moins. J’essaierai d’apprendre à mes enfants d’y appartenir à leur façon, celle qui leur correspond, celle qui leur permettra d’être en paix avec eux-mêmes, afin qu’ils puissent se construire leur vie, propre, unique, satisfaisante. J’essaie de leur montrer qu’on peut être créatif, qu’on peut tricoter sa façon de faire en prenant le fil de la réalité et les aiguilles de l’imagination.

(Comment ça, je suis une tricopathe ?? 😉 )

9 réflexions sur “Au foyer

  1. D’où tu coûtes ? Tu n’utilises pas les infrastructures type école, alors ça ne coûte pas, ça 🙂 Et les salariés aussi coûtent, puisque les employeurs cotisent des charges sociales (brrrr, ça fait froid dans le dos de parler de coût).

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    • C’est le message que j’entends quand on dit qu’il faut diminuer de moitié le congé parental pour faire des économies. Même si en pratique, je commence à comprendre qu’en effet je coûte très peu à la société, et peut-être même à mon mari si on avait choisi de mettre les enfants en école Montessori…

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  2. ouf tu es dure avec toi, « je serai plus rien, juste inutile à la société » et si personne ne faisait des enfants elle serait où la société??? tu voles rien à personne, tu fabriques des enfants et tu fais tout ton possible pour leur offrir un univers meilleur que celui imposé par l’état….. sois fière de ce que tu accomplis plutôt que d’avoir honte…..en plus tu as le courage de tes convictions!!!

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    • Merci pour ton message qui m’a fait du bien 🙂
      Je te resitue le contexte français : j’ai écrit cet article suite à une annonce d’un projet de réforme du congé parental. En France actuellement, à partir du second enfant, un parent peut s’arrêter de travailler pendant 3 ans (son contrat de travail est en pause et reprend ensuite) et touche une petite aide de l’état pour s’occuper de l’enfant. Le projet est de réduire la durée à 18 mois pour faire des économies. C’est pourquoi j’ai eu soudaine cette impression d’être inutile et coûteuse pour la société. Mais j’espère bien ne pas l’être pour mes enfants et mon mari… et comme tu dis leur offrir le meilleur univers possible

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  3. faire des enfants , c’est permettre à la société de perdurer, sans quoi elle s’éteindrait d’elle-même…tes enfants travailleront plus tard, donc ils participeront aussi financièrement par leur impôts à cette société et par leur travail à la croissance! Aucune culpabilité à avoir, mais une fierté!:)

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    • Tu as raison je devrais le voir comme ça. J’ai du mal face aux messages de soit disant « incitation à reprendre le travail » qu’on a beaucoup entendu récemment. Ils me donnent l’impression d’être un poids en décidant de rester à la maison pour m’occuper d’eux.

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  4. Comme promis, me voila:
    1. ce que tu dis de culpabiliser de ne rien apporter: trouve-tu que j’apporte quelque chose à la société? Parce que, pendant longtemps et encore parfois, je pense comme toi de moi-même. Et pourtant, j’apporte simplement le fait d’exister 😉
    2. nous parlions hier d’école avec ma mère. Elle disait que, malgré tout, l’école s’améliore quand même, même si lentement. Mais que ce serait tellement bien s’il y avait plus d’écoles alternatives, si les parents créaient des structures (coopératives?) comme ont fait Pierre Rabhi et sa fille. Serait-ce une idée possible pour toi? Créer une association avec d’autres, te lancer dans un projet qui bénéficierait tant tes enfants que la société?

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    • En fin de compte, « apporter » c’est tellement subjectif, c’est ce que tu veux dire ?
      Je suis d’accord avec ta maman. Je ne me sens pas capable de créer un tel projet actuellement. Je n’ai pas d’expérience, pas de recul, peu de confiance, seulement des convictions qui s’enracinent petit à petit. Actuellement je me vois plus, dans quelques années, partager mon expérience et mes convictions de l’éducation non violente, sous forme d’écrits ou de « formations », mais c’est vraiment trop jeune tout ça…

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  5. Pingback: Solitude | Aevole

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