Homeless

Il y a les moments où ça va. Quand je marche au soleil, quand j’écoute les oiseaux, quand je transpire en imaginant les kilos fondre, quand je chante à tue tête, quand je serre un de mes enfants, que je les entends rire, discuter, gazouiller. Quand je pense à mon mari, mes enfants, mes parents, ma famille merveilleuse. Ces moments qui sauvent et qui devraient suffire. Parce que je suis tellement chanceuse.

Les moments rationnels où je me dis que c’est normal d’avoir des hauts et des bas, avec ce quotidien si intense, qu’il y a des choses à mettre en place pour passer le cap et profiter aussi, qu’il faut poursuivre dans le lâcher prise. Que ça ira, que j’ai plein de forces et d’amour à donner.

Mais il y a aussi les crises noires. Elles commencent par une anxiété qui monte, qui prend la poitrine, avant de gagner la tête et d’assombrir les pensées. Et alors je me dis que je ne vaux rien, que je ne sers à rien, que je ne suis plus capable de rien. Tout me blesse, même les jolies choses. Je n’arrive plus à répondre quand on me parle et j’ai du mal à bouger, sauf pour abîmer quelque chose. Et je me dis qu’on acheve bien les animaux qui souffrent, qui ne tournent pas rond.
Je ne tourne pas rond. Je ne tourne pas du tout. Je vrille, j’élipse, je percute.

Je ne suis plus chez moi dans mon corps, je ne sais pas ses limites, ses capacités, ses faiblesses.
Je ne suis plus chez moi dans ma tête. Mon esprit s’échappe. Il ne sait plus se concentrer, sauf pour envoyer de l’angoisse et des questions.
Je ne suis plus chez moi chez moi, avec le bordel qui déborde et les objets qui disparaissent.

Ces crises ne sont pas nouvelles, mais j’ai peur de leur nouvelle intensité.
Je m’accroche. Mais mes doigts glissent.