Je suis venue te dire que je m’en vais

Cahier-styloLe plus gros contraste de notre monde c’est d’avoir autant de modes de communication et d’être aussi seul. De demander des conseils à des inconnus sur Twitter mais de ne pas oser en parler à son voisin (et encore moins à ses parents).

Je regarde Twitter, Facebook, Instagram, et quelques blogs, et j’ai l’impression qu’on n’a jamais autant cherché à raconter sa vie, alors que dans notre quotidien on n’a jamais été aussi peu écouté. On en sait plus sur des avatars que sur ses voisins de pallier. C’est plus facile de parler à des inconnus, de se lier à des images, parce qu’on n’a pas peur du jugement, bien caché derrière son écran. Et pourtant, ce jugement, on va le chercher, en exposant sa vie et ses opinions.

Je ne fais pas de morale, je suis comme tout le monde. Je demande des conseils au crochet sur Twitter alors que ma mère sait en faire. J’écris bien plus que je ne lis et encore bien plus que je ne commente. Je cherche le regard de l’autre tout en le fuyant le plus possible. Je trouve con qu’on ne puisse pas donner un conseil à un ami sans qu’il le prenne mal, mais je suis tout aussi incapable de prendre bien un conseil qu’on me donne.

Je voudrais avoir raison, je voudrais savoir sans apprendre, je voudrais être meilleure que quelqu’un dans un domaine. Je n’aime pas ça, je n’aime pas l’idée que celui qui enseigne est supérieur, et pourtant, c’est bien ça qu’on nous apprend en France, n’est-ce pas ?

Je tiens un blog en me disant tantôt que je devrais partager plus parce que je trouve qu’une société devrait se baser sur le partage, tantôt que je devrais arrêter parce que j’écris en espérant recevoir quelque chose et que ça n’est pas sain comme ça. Quand je passe des heures à écrire un article et qu’il me revient 2 commentaires, je me dis que je me suis fatiguée pour rien, ce qui est preuve que je n’écris pas pour le plaisir d’écrire. Moi aussi je voudrais enseigner pour me sentir supérieure, et je n’aime pas penser comme ça.

Je ne veux plus écrire pour ça. Je ne veux plus écrire pour avoir l’impression d’être utile à quelque chose… à moins d’être persuadée de l’être vraiment !

Alors je me dis que je dois arrêter, mais je ne me fais pas d’illusion non plus. Je peux reprendre dans deux jours, recommencer ailleurs dans un mois, claquer des sous dans un design qui me fait baver chaque fois que je choisis un nouveau thème pour le blog. Je me dis surtout que je dois trouver une inspiration, une motivation, une vraie.

En tous les cas, je te remercie de m’avoir lue, suivie, commentée, accompagnée, etc, etc 🙂
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19 réflexions sur “Je suis venue te dire que je m’en vais

  1. Huhuhu, c’est rigolo et triste en même temps.
    Je crois qu’Internet te permet de parler avec des gens qui te ressemblent, de ne pas te mouiller. De te dévoiler selon un profil que tu maîtrises (un peu).

    Dans la vie AFK (away from keyboard), tu ne choisis pas le profil par lequel vont te voir les gens, ils vont te voir de dos, ils vont te voir quand tu as le nez qui coule, des cernes, des boutons…

    Je n’ai jamais séparé ma vie online de ma vie AFK : c’est une seule vie.
    Les allaitantes entourées de gens sceptiques ou hostiles sont contentes de trouver du réconfort, les isolées dans leur campagne sont contentes de trouver du réconfort. Et moi aussi.

    Ma vie online me nourrit d’idées, de découvertes, me permet de faire le tri dans mes aspirations et ne m’empêche pas toujours de faire des choses AFK.

    Quand je lis :
    « Je voudrais avoir raison, je voudrais savoir sans apprendre, je voudrais être meilleure que quelqu’un dans un domaine. »
    Je me reconnais, et cela m’a donné envie de commenter. Je te lis pourtant régulièrement, sans rien laisser comme traces écrites.
    J’ai pensé à une interview d’une blogueuse couture que j’ai lue hier. Elle disait :
     » Voyageant de blog en blog, j’ai cru qu’il était temps d’avoir mon petit monde à moi et de le construire autant en français qu’en anglais pour pouvoir toucher le plus de gens possible. Bien que ça puisse sembler stupide, ce que j’aime le plus, c’est de remarquer de nouveaux commentaires, car si je suis influencée par certaines personnes, j’adore pouvoir me dire qu’à un certain point, j’ai moi aussi de l’influence sur d’autres. C’est un petit bonheur de la vie !’

    On a envie de penser que NOUS faisons une différence, que notre avis compte. Tu déplores que nous voulions assouvir cette envie online et pas auprès de nos proches géographiques ou amicaux. Cela demande plus d’efforts d’accepter la critique de gens qui sont importants pour nous. Cela nous blesse plus.

    Des bisous.

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    • Je te remercie d’avoir pris le temps d’écrire tout ça. Ca m’a beaucoup parlé et a nourri ma réflexion.
      Tu as raison, c’est réconfortant de se donner des chances de toucher des gens qui nous ressemblent, de leur parler de choses qui seraient difficiles à aborder avec un voisin qui n’a pas les mêmes conceptions de l’éducation par exemple.
      Moi aussi j’aime voir que j’ai une certaine influence sur la vie de quelqu’un, me dire que j’ai pu l’aider en quelque chose. En fait, j’adore me sentir utile. Mais je me dis que si j’écris dans l’unique but de l’être, je risque de ne plus être aussi vraie. Je ne sais pas trop comment l’exprimer.

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  2. Les commentaires de font de plus en plus rares sur les blogs… Le nombre croissant de blogs fait aussi qu’on lit, on lit, et on n’a pas toujours le temps de commenter.
    Ou on commente « en direct » sur twitter, sur Facebook… Et c’est aussi là qu’on demande des conseils parce qu’on sait qu’on ne dérangera personne, les gens connectés à ce moment-là nous répondront simplement. On se rejoint en ligne par univers, par centres d’intérêt communs, et c’est plus simple de parler à des personnes qui ont les mêmes opinions, ou presque.
    L’anonymat nous permet de râler sur beaucoup de choses et de monde, difficile ensuite de briser la coquille et de laisser rentrer nos proches dans un univers que l’on s’est créé et dont ils n’ont pas connaissance. Il faut beaucoup, beaucoup de force pour faire ça. Et accepter de se censurer en ligne ensuite.
    C’est dommage cette conception de « celui qui enseigne est supérieur », pour moi internet c’est le partage, et c’est chouette de trouver des personnes qui mettent à disposition des autres leurs connaissances, leur savoir-faire, qui prennent le temps d’expliquer, ou même juste de montrer ce qu’elles font. Et c’est parfois difficile de se trouver une « ligne éditoriale » aussi, avec des lecteurs assidus.
    Bref j’aurais pu en faire un billet mais je commente 😉
    Bisous

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    • Je me disais aussi que c’était plus facile de demander des conseils en ligne par crainte de déranger. Pourtant je sais qu’un mail à ma mère ou à une amie ne dérangerait pas non plus, elles pourraient répondre quand elles voudraient. En ce qui me concerne, c’est vraiment une histoire de regard. J’ai ancré en moi c’est relation de supériorité avec l’enseignement. Je n’aime pas du tout cette idée, j’espère réussir à la combattre…

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  3. Quand je lis tes lignes, je les comprends parfaitement! mon lien avec twitter est un peu similaire: je twite de-ci de-là et je suis déçue quand personne ne répond, j’ai l’impression d’accorder plus d’importance aux personnes que je suis qu’elles n’accordent d’importance à ma petite personne… et pour le blog, j’ai fini par le laisser en friche, en le reprenant simplement quand ça me chante, quand l’envie est là, et non par obligation! je sais qu’il y a des personnes qui visitent le blog, tant mieux. elles ne parlent pas? bah tant pis…
    mais sache que tu fais partie de ces blogueuses-twitteuses avec qui je pourrais m’entendre AFK (comme dit MereGeek) et je regrette que nos vies ne nous le permettent pas forcément!
    bisous

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    • Ca c’est certain, si on pouvait se faire des réunions tricot-papote, je suis sûre que ça durerait des heures 🙂
      Le monde virtuel est aussi quelque part cruel dans le sens où on est tellement nombreuses qu’on est vites oubliées. Beaucoup de blogs se ressemblent, les discussions twitter aussi, les une hellocoton etc. C’est difficile d’y faire son trou si on est pas hyper-présente. Et aussi parce qu’un avatar et des caractères marquent toujours moins qu’un visage, des gestes, un parfum ; cela reste quand même impalpable. Je ne sais pas trop comment traduire cette pensée… le virtuel est volatile peut-être ? Ca ne l’empêche pas de nous permettre beaucoup de choses positives et de rencontres de cœur, mais ‘est comme un univers à part avec d’autres règles à dompter…

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  4. Oh bah non 😦 mais je comprends ça m’agace un peu aussi le peu de commentaires vu mon nombre de visite. Je me dis que finalement ce que je fais ça ne doit pas être terrible mais bon …

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    • Normalement les gens ne te visitent pas par plaisir de perdre leur temps 😉 😉 Mais voilà quand on se livre sur des sujets qui nous touchent on aimerait avoir davantage de répondant. Mais je ne jette la pierre à personne, j’ai moi-même du mal à sortir du bois pour laisser un mot…

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  5. moi aussi je te lis souvent, mais je commente peu…
    je ne suis pas beaucoup de blogs, 4-5 maxi, et tu en fais partie. Mais je cours toute la journée et j’ai du mal à prendre le temps de me poser pour écrire.
    Si tu décides d’écrire à nouveau je serai toujours là pour te lire (et commenter plus, promis !)

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    • Je n’en veux à personne, moi-même je commente rarement, j’ai déjà du mal à prendre le temps de lire alors commenter… En tout cas merci, je suis très flattée de faire partie des rares blogs que tu suis 🙂

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  6. Je te trouve injuste ! Pour l’absence de commentaires, parfois on se laisse juste porter par les mots de l’autre et on n’a pas forcément un truc intelligent/intéressant à écrire après ça.

    Je te trouve injuste car parfois cette saloperie de tablette/navigateur/téléphone/connexion pourrie ne te permet pas de laisser un commentaire et que le seul endroit qui veut bien de tes blablas c’est twitter…

    Je te trouve injuste car cette idée de papotte-tricotte élimine d’office les filles comme moi qui ont deux pieds gauches à la place des mains et qui n’ont JA-MAIS réussi à faire un rang avec cette matière du diable qui fait n’importe quoi et m’étrangle le doigt au lieu de s’enrouler après cette aiguille de sa mère le phasme de l’enfeeeeeer !!!

    Mais bon, comme je t’aime beaucoup je viendrai ici pour te lire et je combattrai la technologie et parfois, oui, ma flemme aussi… et te laisserai un piti mot doux ou une engueulade, ce sera selon 😉

    Bisoooooooous

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