J’hésite à écrire ça, peut-être qu’il n’est pas bon de poser tout ce qui ne va pas et de le fixer dans la mémoire. Peut-être au contraire que cela va permettre d’en déposer une partie pour m’alléger un peu, et d’ouvrir mon ciel sur une note plus bleue.
Je dirais que tout a commencé quand mon mari a décidé de passer son permis moto. Il en parlait depuis longtemps, j’avais chaussé mes œillères. Un soir, il a tardé à rentrer, et comme il était à vélo, j’étais inquiète. En arrivant il m’a dit qu’il avait fait un crochet par l’auto école pour s’inscrire. Je me suis écroulée. Il a passé son code très rapidement. Il quittait tôt le travail pour faire des séances et très vite a passé l’examen. Maintenant il enchaîne les cours. L’angoisse me tenait éveillée de longues heures, ainsi que l’hyperthyroïdie. Maintenant je fais une séance de relaxation tous les soirs pour glisser vite dans le sommeil avant d’avoir le temps de réfléchir
C’est toujours une source d’angoisse importante et je me demande régulièrement si notre couple va y survivre. Je ne me vois pas accepter ce stress au quotidien…
Nous avons eu une semaine de vacances en famille avec mes parents. C’était à la fois très doux : j’avais moins de responsabilités sur la tête, pas besoin de réfléchir à quoi faire des enfants, du relais pour les repas, les couchers, les sorties, les moments tous ensemble, et les moments à deux aussi. Et à la fois très fatiguant : une mauvaise literie et un bébé accroché à la hanche pratiquement tout le temps.
Je suis dans une solitude soudaine et violente pour moi, qui a fortement ébranlé ma confiance.
Les derniers voisins avec qui nous avions une vraie relation sont en train de faire leurs cartons. Me mettant à la fois face à plus de solitude et nous donnant l’impression de rester sur place. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre plus sérieusement en route notre projet de vie sur une péniche. C’est évidemment galvanisant et… source de stress.
J’ai eu un matin la visite de notre voisin du dessous, il m’a crié dessus et menacé mes enfants, parce que nous sommes trop bruyants et que nous devons leur interdire de courir. J’ai demandé à une voisine (celle qui va partir) de me tenir compagnie jusqu’à l’arrivée de mon mari, voyant mon état de choc elle a appelé la police. Le soir j’ai déposé une main courante. Maintenant, je stress dès qu’un objet tombe, ou qu’on sonne à la porte, ou qu’on passe devant sa porte.
Mon grand est très râleur, probablement parce que je le suis aussi. Il faudrait lui donner une attention exclusive pour que ça se passe bien. La deuxième réclame sa part à grand renforts de cris stridents. La dernière a beaucoup besoin des bras. Je ne vois pas le bout de l’intendance : deux semaines après notre retour il reste une valise de linge sale à traiter.
J’ai beau être à la maison, j’ai l’impression de passer à côté de mes enfants, de ne pas les voir vraiment, de rater tant et tant de moments.
Et le manque de soleil bien sûr.
Physiquement, j’ai dû consulter pour palpitations, crampes, vertiges, qui pour mon médecin sont une somatisation, une expression du stress.
Avec tout ça, j’ai perdu de vue pourquoi je suis à la maison, pourquoi j’étais aussi motivée pour ne pas scolariser mes enfants. Un nouveau décret a été voté semblant rendre les contrôles plus stricts, j’ai du mal à en démêler les enjeux, et tout à coup tout me semble insurmontable.
Il y a beaucoup de choses là-dedans que je n’arrive pas à accepter. J’ai la sensation de porter une valise très pleine et de ne plus savoir où la poser. Parfois elle m’échappe et tombe dans le jardin de quelqu’un qui n’aurait jamais dû la voir. Ma psy ne m’aide plus, parce que quand j’ai terminé de raconter, il ne reste plus rien de la séance. Et qu’il semble qu’il n’y a pas grand chose à faire de toute façon ?
Je n’arrive pas à accepter et à laisser partir ce qui m’est imposé de l’extérieur. Mes forces me semble noyées. La chose qui a le plus changé par rapport à la première période d’épuisement, c’est que je sais qu’elles sont là, les forces. J’ai beaucoup de mal à faire ce que je sais qu’il faut faire, simplement parce que je n’ai pas l’habitude, et que je souffre.
J’ai de nouveau cette sensation de disparaître, d’être gommée, de devoir jouer des coudes pour exister moi aussi. Et je manque de forces pour le faire…
J’essaie de lever le pied, de ne pas trop regarder le linge sale et le bordel sur le meuble du salon, de ralentir sur le créatif, d’écouter la petite voix qui murmure quoi faire, de me faire passer en premier parce que tant que j’irai comme ça, les enfants iront comme ça aussi. Les mauvaises habitudes et la culpabilité sont coriaces. Mais si j’y arrive, alors, j’aurai vécu une période très dure mais également très enrichissante. J’aurais appris à gérer mon stress, à trouver des solutions, à m’organiser, à mieux placer ma confiance, à avoir l’égoïsme nécessaire à mon équilibre.
Je te lis.
Et je me retrouve dans certains mots, dans certains maux aussi.
Il y a beaucoup de douleur, de souffrance, de stress à te lire,
J’aimerai te tendre la main, te faire un calin, trouver comment te rassurer mais je ne sais pas comment faire, parce que … parce que cette securité affective et émotionnelle que tu cherches, d’une part il n’y a que toi qui peut la trouver, d’autre part, hé bien, je me suis rendu compte qu’elle me faisait defaut à moi aussi. J’ai sombré longtemps, par période, j’ai eu des moments dans le flou, des moments de larmes, j’ai demandé le divorce (et mon mari à refusé) j’ai essayé de comprendre, de me comprendre, mais je n’etais plus en état de savoir qui j’étais et où j’allais entre mes envies, mes désirs, mes rêves et la réalité de la vie. Je n’etais plus heureuse, et je m’enfonçais.
Objectivement je m’enfonce toujours.
Mais j’ai fait un premier pas, un premier pas vers la sortie du tunnel. je vais accepter cette main tendue des medecins, accepter de reposer mon cerveau pour démêler noeud après noeud le bordel dans ma tête. Je vais prendre des médicaments. Et … je le vis bien.
Je poste anonymement mais je te suis sur twitter et je serai ravie d’echanger en privé avec toi. l’adresse mail te donnera la réponse.
Des bisous
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Toutes mes pensées et n’hésite pas à relancer la conversation privée ❤
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ça me rend si triste de lire cet article mais tu avais besoin de poser ce que tu resens à plat. Malheureusement je ne peux pas t’aider à part t’offrir mon amitié. Je ne suis pas d’un grand réconfort mais j’espère de tout coeur que tu arriveras vite à y voir plus clair. ❤ ❤
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Ca avance mais on ne peut pas dire que ça soit plus joyeux 😦 j’espère vraiment que ça va passer sans trop de dégâts ❤
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J’ai souri en imaginant la valise qui s’ouvrait devant tout le monde, et tes dessous qui s’échappaient…alors que cela n’est pas amusant du tout.
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❤ Ceci dit c'est presque ça, ce sont des pensées intimes et qui peuvent être embarrassantes à entendre pour les autres
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Par ailleurs, je t’envoie tout mon soutien !
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