Depuis que ma thyroïde a commencé à me lâcher (maladie de Hashimoto), c’est la première fois que je passe un temps aussi long en hyperthyroïdie.
Pour faire court, la maladie de Hashimoto est une maladie auto-immune : le corps agresse la thyroïde en la bombardant d’anti-corps qui la détruisent peu à peu. C’était une maladie latente, dont j’ai certainement sans le savoir subi des conséquences de longues années avant que la période post-partum, après la naissance de mon aîné, déclenche plus sérieusement les hostilités.
Aujourd’hui encore, en dialoguant avec mon endocrinologue, je découvre l’incidence que ça a eu sur mes grossesses et en dehors.
A quoi ça sert la thyroïde ? Mon médecin généraliste l’avait résumé ainsi : les hormones qu’elle produit favorisent tous les échanges entre les cellules. Ainsi, quand elles ne sont pas assez nombreuses (hypothyroïdie), tout le corps fonctionne au ralenti : manque d’énergie, besoin accru de sommeil, prise de poids, frilosité, baisse d’appétit, baisse de moral pouvant aller jusqu’à la dépression, ralentissement de toutes les fonctions en général y compris cognitives. Quand elles sont trop nombreuses (hyperthyroïdie) c’est tout l’inverse, toute la mécanique du corps est accélérée : énergie pratiquement infinie, perte de poids, augmentation d’appétit, irritabilité, insomnies, et impression d’avoir chaud. La thyroïde c’est le métronome du corps.
Quand elle fonctionne bien, elle régule toute seule le taux des hormones qu’elle produit. Cela varie en fonction des saisons, de l’activité professionnelle, du poids, des besoins du corps en général, donc particulièrement pendant la grossesse. Sachez d’ailleurs que la grosse fatigue du premier trimestre est généralement due à une thyroïde qui a un peu de mal à suivre, pour assumer les besoins de la mère et de l’enfant qui n’a pas encore fabriqué la sienne.
On sait synthétiser les hormones et j’avale donc ce qui me manque sous forme de cachets. Seulement le temps de réaction d’une prise de sang à l’autre n’est pas le même que si ma thyroïde pouvait seule faire le travail.
Alors actuellement je découvre l’hyperthyroïdie « installée » depuis plusieurs semaines…
La première semaine c’est top : on a une énergie débordante, on fait des tas de choses, on ne se sent pas fatigué, c’est d’autant plus appréciable quand on sort d’hypo où on a l’impression que faire son lit est une tâche insurmontable. Au-delà de la première semaine commencent les réjouissances liées au manque de sommeil.
L’hyperthyro masque la fatigue, et rend l’accès au sommeil difficile. Impossible de baisser de régime pour accéder au sommeil même quand on voit, quand on sent le cycle passer. Et le sommeil lui-même est très agité. Cauchemars, réveils fréquents voire insomnies, pensées qui semblent ne pas vous lâcher même en dormant.
Quand on s’occupe de deux jeunes enfants, qu’on est enceinte, avec un mari dans une période intense de travail, des raisons de fatiguer, il y en a un paquet. Et cette fatigue a trouvé sa voie pour s’exprimer.
Nombreuses sont les personnes qui me disent de me reposer, de prendre soin de moi. Elles sont toutes bien intentionnées. A la dernière séance de chant prénatal j’ai reçu une écoute et une compréhension à laquelle je ne m’attendais pas, qui m’a aidée à comprendre que c’était bien de la fatigue, tout ça. Que déjà pour une personne pas malade ce n’était pas facile d’assumer un foyer, deux enfants et une grossesse (notez cependant que j’ai encore besoin de l’écrire pour m’en convaincre…). Je ne connaissais pas assez l’hyperthyro pour anticiper cela. Et après deux grossesses alitées, cette grossesse cliniquement parfaite m’a aussi incitée à faire comme si je n’étais pas enceinte.
Mais le repos ne m’est pas vraiment accessible. J’ai beau prendre des somnifères je cauchemarde quand même toute la nuit. J’ai l’impression de ne faire que somnoler. Je dois être très attentive pour sentir s’il est temps de m’asseoir ou pas. J’enrage de sentir le sommeil passer et ne pas m’emporter. J’enrage d’être si impuissante parce que concrètement, je peux qu’attendre que le taux baisse. C’est c’est long…
A chaque changement de traitement, il faut attendre 3 semaines pour que le corps commence à y réagir, 6 pour que ça soit pleinement en place…
Je dois bricoler. Avec les somnifères, en m’obligeant à m’asseoir avec un livre alors que mon corps vibre d’énergie à dépenser. Je dois accepter de peu dormir même quand je me sens très fatiguée. Je dois acquérir de nouveaux réflexes : quand quelque chose ou quelqu’un m’exaspère le vrai message c’est que mon corps a besoin d’une pause.
D’hypo en hyper j’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre et de devoir tout réapprendre. Malgré cela je suis fière de réussir à composer mon chemin, d’apprendre à faire avec, de mieux accepter les différentes situations et d’agir dans la mesure de mes moyens plutôt que juste subir. J’apprends le recul, la part des choses. J’avance tout de même. Plus le déséquilibre est installé depuis longtemps et plus il est difficile de me seriner que non, mon chemin n’est pas perdu, il est juste plus flou. Il est toujours là et je vais le retrouver dès que mon taux sera revenu dans les normes. Et même, qu’en ayant les meilleures attitudes pour vivre avec la maladie, je peux continuer de le sentir dans le brouillard.
Je veux croire que si j’arrive à avancer malgré ces hauts et ces bas mécaniques imposés par mon corps depuis bientôt 4 ans, c’est que j’ai un peu de force quand même, quelque part.
Bonjour, Effectivement, la thyrroide, ça dérègle tout…. Moi, j’ai une maladie de Basedow, diagnostiquée quelques années avant mes grossesses et donc stabilisée à ce moment-là. Pour ma 1ère grossesse, j’étais en hyper au début, pour finir en légère hypo à la fin… Et pour la 2ème grossesse, j’étais en hyper à la fin! Ma 2ème fille a donc eu le droit à une prise de sang par semaine pendant son 1er mois, pour vérifier que son taux d’anticorps revenait bien à la normale…. Pas trop de problème de sommeil pour moi, mais l’humeur varie dès que je passe en hyper, et ca m’a amenée à adopter une petite vie bien réglée, en évitant au boulot les postes avec du stress, qui me fait tout de suite partir en hyper! Bon courage jusqu’à ce que ca se stabilise…
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Merci de ton témoignage, ça me fait du bien de lire d’autres expériences avec ce type de maladie. Elle nous impose de bien nous connaître pour anticiper les situations comme tu le fais et détecter quand il y a un dérèglement… Bon courage à toi également 🙂
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Bravo à toi, ton texte et poignant et on sent effectivement que tu as du courage pour affronter tout ça !!
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Merci beaucoup ❤
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tu ne peux douter que tu as du courage, être habitée par un étranger même si cet étranger est ton corps lui-même ne doit pas être évident. Quelques mois encore et ce sera un peu plus facile de vivre avec cet étranger puisque tu pourras au moins lui botter les fesses afin de pouvoir mieux dormir et t’entrainer, courage ma belle, il y a de la lumière au bout du tunnel et pendant ce temps, écoute ta petite voix qui te dit que tu fais du mieux que tu sais faire;
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Merci beaucoup, tes mots sont toujours d’un grand réconfort, et j’aime ton point de vue d’étranger à qui botter les fesses !!
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Ce que j’aime quand tu fais des articles comme ça, c’est qu’ils sont accessibles. On arrive à comprendre ce qu’est l’hyper et hypothyroÏdie sans connaître ces maladies.
Et non, tu n’as pas « un peu » de force, tu en as beaucoup! Je ne sais pas comment je le vivrais à ta place, et déjà sans être malade, j’ai souvent du mal à composer avec mon quotidien et mes 3 enfants.
Et je trouve super que tu aies un spécialiste pour t’aider à avancer dans l’hyper/hypo.
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Merci ! Enseigner hein ? 🙂
Oui la spécialiste m’a aidée à avancer sur plein de choses, et à enfin laisser derrière tout un tas de questions autour des premières grossesses et du premier allaitement. Parfois je me vois comme quelqu’un de fort, et dans ces moments-là je me sens bien !
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