Le parent a ses limites

FilliozatAuCoeurSi tu me suis depuis quelques temps, tu dois savoir que je suis une convaincue de la CNV : communication non violente. J’ai découvert cette notion avec Faber & Mazlish dont les 3 livres que j’ai lu figurent très largement en tête de mes livres préférés concernant l’éducation des enfants. Je préfère parler de communication non violente plutôt que d’éducation non violente, parce que cette façon de penser ne concerne pas que les enfants, et que j’aime autant éviter le mot éducation.

La communication non violente, c’est évidemment pas de coups, pas d’insultes, pas de mots blessants non plus. Mais les mots blessants se cachent partout. Dans la critique, dans le jugement rapide, dans l’étiquettage. C’est très facile de blesser. C’est très habituel aussi. On a tellement l’habitude de tourner une émotion en reproche, en accusation, en critique et les enfants le prennent en pleine tête et au premier degré.

Il y a beaucoup de similitudes dans les notions de CNV et celles détaillées dans J’arrête de râler. Je m’efforce de parcourir tout un chemin vers une vie plus positive.

Ce que j’aime dans les livres de Faber & Mazlish, c’est cet art percutant de présenter les choses. Quand je les ai lues, j’ai été retournée, mais toujours avec un espoir incroyable de tout ce qu’on pouvait faire avec ses enfants, sa famille, ses proches, en changeant notre façon de parler et de nous comporter. En étant plus positifs aussi. Comme on peut se faire une vie plus belle pour soi et son entourage. Ce sont des livres vraiment positifs et encourageants, et qui du coup défendent parfaitement leurs propres sujets ! Même si bien ils s’accompagnent de remises en question, de tristesse parfois, de douleurs qui remontent, je ne me souviens pas avoir ressenti de culpabilité marquée en les lisant. Autrement, je n’en aurais pas lu trois !

Quand, à ma bibliothèque municipale je suis tombée sur « Au cœur des émotions de l’enfant » de Filliozat, que je voyais comme un classique des livres CNV, le livre qu’il fallait avoir lu, je n’ai pas hésité, et je me suis mise toute guillerette à la lecture.

Alors là, pour le coup, ce livre m’a mise l’envers, mais vraiment dans le mauvais sens. J’en ai lu un tiers et je suis allée le rendre, tellement je me sentais mal depuis l’ouverture.

Outre le fait que je trouve que l’auteure va trop loin dans son propos, le propos justement est entièrement tourné vers l’enfant. Sur le fond, elle dit la même chose que Faber & Mazlish, mais d’une manière que j’ai trouvé extrêmement culpabilisante. J’ai eu l’impression que si je n’étais pas disponible pour tous les sentiments de mon enfant, je lui faisais vivre un enfer. Ce qui en pratique est donc le cas, car qui peut être disponible en permanence pour les émotions d’un enfant ?

Un enfant est heureux, rit aux éclats, triste, frustré, en colère, affamé, fatigué, joueur, câlin, attentionné, surexcité environ 450 fois par jour. Les émotions sont puissantes, violentes, entières, tout le temps. Il faut sans arrêt se mettre à leur niveau, tenter de comprendre (surtout quand le langage est limité), s’adapter. QUI peut tout accueillir sans sourciller du matin au soir ??

Je veux bien croire qu’il y a des gens plus doux et positifs que d’autres, je veux bien croire que pour certains la route de la CNV est plus compliquée que pour d’autres. Mais l’humain, le parent, a ses limites… et je trouve extrêmement dommageable d’assommer le parent de culpabilité alors qu’il a au contraire tellement besoin d’un moteur positif et joyeux…

Bref, je suis déçue, Filliozat c’est un grand nom de la CNV, et je trouve que ce livre ne défend pas du tout les parents, et qu’il pourrait en décourager plus d’un seul à prendre la voix de la parentalité positive… Mais face à tous les avis très positifs sur ce livre, je me sens un peu… seule !! Peut-être que je suis trop impliquée et trop inquiète de certaines choses avec mon fils pour bien séparer le fond de la forme. Mais il me traverse aussi l’esprit de me dire que c’est peut-être parce que je ne suis vraiment pas à la hauteur des enjeux…

Et toi, tu l’as lu ? Tu en as pensé quoi ?

Mon article parallèle aux Vendredis Intellos.

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31 réflexions sur “Le parent a ses limites

  1. Comme tu peux t’en douter, je n’ai pas lu le livre en question… J’avais juste envie de te dire que, si ce livre te met à l’envers, c’est qu’il n’est pas bon pour toi. Et pis c’est tout.
    Il y a aussi le fait que, quand tu lis quelquechose, tu apportes tes émotions du moment dans ta lecture. Dans une journée pourrie, il est fort probable que tu trouveras un livre pourri, culpabilisant, etc. Pourri donc 🙂
    Tu connais bien sûr le conte « Les habits neufs de l’Empereur », où l’empereur se ballade tout nu car il croit avoir sur lui une étoffe que « seuls les idiots ne peuvent pas voir ».. et tout le monde dit « oh, les beaux habits ».. jusqu’à ce qu’un petit garçon dise « mais pourquoi est-il tout nu? » et que tout le monde enchérisse…
    De là à y voir un parallele avec un super auteur que tout le monde reconnait comme un super auteur…. n’est ce pas 🙂

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    • Disons que des livres qui m’ont mise à l’envers, j’en ai lu d’autres, mais je les ai terminés parce que j’avais le sentiment qu’ils allaient m’aider à avancer. Là, j’ai plutôt l’impression d’avoir reculé !
      Huhu moi ça me fait penser aux œuvres d’art. Je me demande souvent combien sont élevées au rang de chef d’œuvre parce que personne n’ose avouer qu’il n’y comprend rien… ??

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      • J’ai également lu ce livre et ne m’y suis pas du tout retrouvée. Je suis formée à la médiation, à l’écoute active mais ce livre nous dit de tout accepter de l’enfant en nous remettant nous en cause.
        Les formations m’ont appris à accepter, à écouter, à contextualiser mais également à apprendre les comportements « acceptables » et ceux qui ne le sont pas. Ce livre semble rendre tous les comportements de nos enfants acceptables car ils sont le fruit de leurs émotions. En tant que parents et/ou éducateurs nous devons tenir compte de ces émotions mais est-ce un service à leur rendre que de leur dire que la crise de colère est un comportement acceptable? (For exemple)…

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      • Très bonne question… Ce que j’ai retenu de Faber & Mazlish, qui est souvent répété dans leurs livres, c’est que toutes les émotions sont autorisées, mais les actions sont limitées. Et je trouve que c’est une idée très juste et très puissante : OUI tu as le droit d’être en colère, mais NON tu ne dois pas hurler en public ni détruire ce qu’il y a autour de toi. Evidemment selon les âges ce n’est pas possible de leur apprendre à canaliser leur colère, mais c’est absolument nécessaire qu’ils apprennent à le faire en grandissant, pour pouvoir vivre avec les autres…

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  2. Je suis comme toi une inconditionnelle de Faber et Mazlish dont je suis en train de suivre les ateliers. Je n’ai pas lu Filliozat, mais du coup, je vais aller y jeter un coup d’oeil. Ce qui est certain, c’est que oui, le parent a ses limites : parfois (souvent) nous nous trompons, parfois (souvent) nous sommes fatigués, parfois (souvent) nous ne pouvons pas accueillir les émotions de nos enfants parce que nous sommes nous même trop préoccupés. Nous ne pouvons pas être irréprochables. Pour moi, cela fait partie des choses que nous devons aussi accepter de transmettre à nos enfants.

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    • J’aimerais beaucoup assister à un de ces ateliers !!
      Il faut accepter nos limites et les montrer, pour que nos enfants acceptent les leur et apprennent à les respecter… j’ai en fait du mal à appliquer la bienveillance à moi-même…

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  3. Chère Vaallos, je ne suis en rien une pro de la parentalité positive, ni une lectrice assidue de ce type d’ouvrages (même si je conviens bien de l’intérêt pour apprendre à mieux communiquer aussi bien avec nos enfants qu’avec les adultes, pour éviter toute création de conflit/frustration inutile). Mais je sais aussi qu’il ne peut y avoir de parents infaillibles ni parfaits. Et encore heureux pour nos enfants ! Alors, du moment que nous faisons de notre mieux et que nous avons conscience de nos potentielles difficultés, je ne vois pas pourquoi nous devrions culpabiliser. Je considère qu’un parent serein aide ses enfants à trouver le bonheur de vivre. Et être parent, ce n’est pas le renoncement total de soi !

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    • C’est l’effet pervers de ce genre de lecture, quand on insiste sur les conséquences négatives de nos actes. Il ne s’agit pas de les nier et de se convaincre qu’on fait tout parfaitement, mais je préfère l’idée de capitaliser sur ses forces plutôt que de se morfondre sur ses faiblesses…

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  4. Salut ! Je voulais simplement t’écrire pour te dire que je suis de tout coeur avec toi! Etre parent c’est un travail de tous les jours, c’est important via des lectures par exemple, d’essayer d’apprendre à mieux faire bien sûr. Mais nous ne pouvons pas être parfait ! Arrêtons de culpabiliser les parents ! (de toute façon nos enfants trouveront toujours des arguments pour nous en vouloir!) Personne n’est parfait. Le soutien, la pensée et la parole positive, la patience, etc. Tout ça bien sûr on peut essayer de s’en approcher. Mais parfois, un enfant ça cherche la limite, alors qu’on est déjà au bord de l’épuisement. Souvent, un enfant, c’est ingrat. Parfois, eux aussi peuvent être mal lunés. Tachons donc de faire au mieux et d’être en paix avec nous même ! N’écoute jamais les autres qui veulent te culpabiliser (professionnels ou pas!). Car c’est souvent les cordonniers les plus mal chaussés…. Des bises!

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    • Merci 🙂
      Les enfants, surtout les très jeunes, n’ont aucune conscience de l’autre et de ses limites. Ils ne vont pas s’arrêter de crier leur frustration simplement parce que maman est fatiguée ou en colère. C’est à nous de nous protéger, mais après les premiers chapitres du livre j’ai eu la sensation que le parent ne pouvait pas se protéger sans blesser l’enfant.

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  5. Pingback: Le jour où j’ai refermé un livre "Parentalité positive" | Les Vendredis Intellos

  6. Alors moi je ne l’ai pas lu, mais j’applique la CNV de manière…empirique. Et surtout, je pense qu’il doit y avoir un respect mutuel. Si l’enfant casse sans le faire exprès un objet qui t’est précieux, ce n’est pas violent vis à vis de l’enfant que d’être contrariée et de le lui faire savoir, c’est juste normal. Tu existes en dehors de lui, tu as aussi le droit d’avoir des émotions et de les exprimer. Par contre il faut qu’il le sache, qu’il comprenne et lui donner le moyen de ne pas refaire son erreur. Je trouve ça assez dommage que la CNV passe pour une « méthode » qui consisterait à devenir un moine bouddhiste béat devant son gamin qui hurle et met le feu à la baraque. Je crois que justement, c’est tout le contraire pour moi. J’existe, au même titre que mes enfants et mon conjoint, et on se doit de se respecter à tout moment. Si on manque à ce principe, on en parle honnêtement et on essaie de réparer le mieux possible.

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    • Merci beaucoup de ton message. C’est en effet l’impression que j’ai parfois en lisant des conseils/livres/articles CNV : il faut devenir un moine bouddhiste, c’est tout à fait ça. J’aime beaucoup ta formulation de dire que les parents et les enfants existent au même titre. On vit ensemble, on existe ensemble, on cohabite ensemble avec tous les mêmes droits.

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  7. Coucou. Moi je n ai rien lu de tout ça mais je suis maman et (j espère bien) future instit. Je te rejoins car mon combat ce sera la bienveillance. Je suis du coup plutot branchée pedagogie mais je voulais te dire deux choses importantes que je pense sur la parentalité, sur l éducation en général: la premiere, c est que ce sont ttes nos differences, erreurs qui font de nos enfants des enfants riches (pas d argent de poche hein quoique des fois mais c est un autres debat! Huhuhu) et la seconde chose, c est que notre mission d adulte c est aussi leur montrer que se tromper c est pas un drame, que l important c est d avoir la richesse necessaire pour rebondir.. Et la boucle est bouclée! Alors vive nos riches imperfections parentales!

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  8. bon bah je n’ai pas grand chose à dire car je suis une mère qui gueule, qui culpabilise ensuite, qui communique dans le violent … je fais des efforts ou pas … bref je connais mes torts, ce n’est pas que je n’ai pas envie de lire ce genre de bouquin mais je n’ai pas le temps car le peu que j’ai envie de lire avant tout c’est autre chose dc bref je n’ai pas le temps, et j’admire les mamans comme toi qui prennent le temps, qui se renseignent, font leur analyse pour apporter une éducation au top ! je suis ton anti-toi mdr 😉

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  9. Hello ! Ici j’ai lu « il n’y a pas de parents parfait » de Filliozat qui à metamorphosé nos vies, ensuite j’ai lu « au coeur des émotions de l’enfant » qui à apporté quelques petit + mais je préférait l’autre. Ceci dit je ne l’ai pas vu du tout sous le même angle que toi. As tu un exemple de quelque chose qu’elle dit et que tu trouves néfastes ?

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    • Je me souviens de l’exemple de l’enfant qui tombe gravement malade pour réunir ses parents, de l’exemple du bébé qui dort beaucoup pour fuir… Et il y a le passage « qu’est-ce qui est important pour moi » où elle détaille que c’est toujours l’enfant le plus important et qu’on a vite fait de le blesser en se fâchant pour un objet cassé, elle dit quelque chose comme l’enfant pense qu’il compte moins que l’objet.

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  10. Je n’avais pas le souvenir que ce livre m’avait culpabilisé.
    Souvent j’entends dire que les enfants sont « difficiles » ou « pénibles ». Et j’aime bien l’idée que c’est nous, parents, qui transmettons quelque chose de nos peurs et de nos attentes.
    Personnellement, j’ai plutôt entendu le message suivant : occupons-nous sérieusement de nous avant de vouloir que notre enfant soit « parfait ».
    Mais c’est vrai que des livres comme « J’ai tout essayé » ou « Parents épanouis enfants épanouis » sont peut-être moins culpabilisants dans leur écriture.
    En tous cas merci de ton partage. Ça fait toujours du bien de débattre autour du sujet. 🙂

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  11. le bébé qui dort beaucoup pour FUIR… Mais fuir quoi ? La plupart des puéricultrices et des pédiatres s’accordent sur le fait qu’un bébé (jusqu’à 18 mois on va dire) a besoin de dormir entre 14 et 20h par jour ! Et ça fait beaucoup. 12h de nuit + une sieste, on est dans les clous. C’est flippant quand même, un parent content qui se dit que son enfant est serein parce qu’il dort bien devrait d’un coup se demander ce que fuit l’enfant ? Tssk, celui-là ne vas pas aller sur ma pile de livres à lire !

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    • Mais c’est tout à fait ça ! Je me souviens d’avoir demandé à son médecin si c’était normal que mon fils dorme autant, vu que j’étais entourée de mamans qui galéraient à avoir des nuits complètes, sans parler des siestes. Il m’avait répondu d’en profiter 😀 Je ne me posais pas plus de questions que ça, il dormait, c’était parce qu’il avait grand besoin de sommeil, et voilà… Mais quand j’ai lu ça j’ai commencé à… culpabiliser (tiens donc) et à me demander s’il n’avait pas souffert plus que je ne le pensais de ma dépression etc etc… et c’est là que je me suis dit que je n’irai pas plus loin dans la lecture.

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      • Mais oui, arrêtons de culpabiliser ! Son pédiatre aussi m’a dit… « Profitez et surtout n’en parlez pas trop aux autres parents ! » LOL 😉 J’espère que le deuxième va prendre vite exemple sur l’aîné ! Nous sommes parents, pas surhommes ou machines…

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      • N’en parlez pas trop huhu ˆˆ Il y a des parents avec qui on peut parler honnêtement, et d’autres qui ont le jugement facile et rapide…

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