Et si on n’allait pas à l’école ?

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Voilà quelque chose qui me trotte dans la tête depuis bien longtemps, et j’ai découvert avec bonheur qu’elle trotte aussi dans la tête de mon mari : l’école à la maison.
Je n’ai pas envie de diaboliser l’école en disant qu’il faut s’en débarrasser, que c’est horrible, et qu’y envoyer ses enfants c’est les condamner. Il faut quand même admettre que le système fonctionne, globalement. C’est juste qu’il ne me plaît pas, et pas seulement parce que je n’ai pas aimé y aller.
Ce que j’aime dans l’idée de faire l’instruction de nos enfants nous-même c’est :
– la possibilité de coller mieux au rythme des enfants
– entretenir la curiosité
– travailler les forces plutôt que les faiblesses.

Pour ce qui est du rythme, je pense que c’est assez clair. Si mon nain continue à se lever à 9h30 dans un an, il pourra continuer. Tôt ou tard il devra s’adapter à un rythme imposé, pour suivre des études supérieures ou très spécifiques, pour aller travailler etc. Mais d’ici là, ma foi, qu’il en profite. C’est aussi la possibilité de manger globalement quand on a faim et non pas quand c’est l’heure, même si évidemment, du moment où on est plusieurs, il faut bien se regrouper pour manger.
C’est pouvoir travailler une heure de plus le jour où on est très en forme et que le sujet est passionnant. C’est pouvoir s’arrêter plus tôt si on est patraque.
En fait, pour résumer, je crois que ce qui me plaît c’est de pouvoir continuer à écouter, à rester proche de son corps le plus possible.

L’entretien de la curiosité, c’est parce que si à l’école on apprend plein de choses, on y apprend aussi ce qu’il est prévu d’apprendre, et pas autre chose. Hors parfois, un sujet nous accroche et on aimerait en savoir plus. Mais ce n’est pas toujours possible, question de temps, question de programme. On impose également une certaine façon d’apprendre qui n’est pas forcément celle qui convient le mieux à l’enfant.
Parfois la tête des enfants bouillonne de questions, mais elles resteront sans réponse par timidité, par manque de temps, par mésentente avec l’enseignant etc. Et petit à petit, je crois que la petite flamme de la curiosité peut finir par s’éteindre.

L’école, c’est aussi la notation, et c’est beaucoup focaliser sur ce qui ne va pas, pour l’améliorer, et pas sur ce qui va. Il n’y a pas que l’école qui fonctionne comme ça d’ailleurs, la plupart des systèmes éducatifs sont basés sur la remontrance plutôt que sur l’encouragement. C’est une notion récurrente en communication positive (et si le sujet vous intéresse je vous invite à lire ceci).
Depuis que j’ai découvert tout ce qui touche à l’éducation non violente, la parentalité positive, la communication épanouie, tant de noms pour désigner la même chose, je ne me vois plus faire certaines choses. Même si j’ai énormément de travail à faire sur moi-même encore, lorsque je vois à quel point la psychologie positive fait des merveilles, je ne peux pas revenir en arrière. Hors s’il y a une notion au centre de tout ça c’est bien la critique de ce que l’enfant accompli. Critiquer, c’est rabaisser, c’est faire baisser la confiance, c’est porter un regard négatif sur l’enfant, c’est le faire porter un regard négatif sur lui-même. Combien d’adultes se décrivent comme étant des bons à rien, simplement parce qu’ils ont entendu ça toute leur enfance ? Combien de personnes sont sempiternellement à la recherche de la reconnaissance dont ils ont manqué lorsqu’ils étaient jeunes ? Alors qu’il suffit de pointer du doigt ce qui a été accompli de la manière adéquate. Montrer la lettre bien formée, qui est l’exemple à suivre, plutôt que de critiquer celle qui est de travers. Montrer la façon adéquate de s’y prendre plutôt que de lister les interdits. Je pourrais continuer très longtemps sur ce sujet…
Certains enfants apprennent vite à répondre ce qu’il faut répondre pour être apprécié du professeur, pour avoir une bonne note, mais dans une méthode un peu mécanique. Le but n’est plus d’apprendre, d’avancer, de comprendre, de progresser, le but est d’avoir une bonne note sur son bulletin. Hors parfois, pour avoir une bonne note, il suffit d’apprendre par cœur, de comprendre ce qu’on attend de nous, de ruser un peu, et finalement toute l’essence de l’enseignement, de la matière, s’est envolée.

Alors j’ai la sensation qu’avec l’instruction en famille, il est possible d’offrir à ses enfants un cadre plus souple, permettant aux passions de mieux s’exprimer, à la curiosité de grandir toujours plus.
Il n’est cependant pour moi pas question de marginaliser mes enfants. Il faudra évidemment veiller à leur socialisation (là encore un sujet avec beaucoup de choses à dire, et je trouve mon article déjà assez long comme ça). Il ne s’agit pas de nier le système scolaire en ne suivant aucun programme et en n’obtenant aucun diplôme. Il est important qu’ils puissent retrouver le chemin classique s’ils le souhaitent, et être adaptés au monde du travail.

Il y a bien du chemin à parcourir encore pour mettre ce rêve en pratique, et de moins en moins de temps. J’ai encore beaucoup de choses à dépasser, mais grâce à la bibliothèque volante des vendredis intellos, j’ai pu lire une partie du livre de John Holt : Apprendre sans l’école, qui donne des pistes de réflexion que je vous invite à découvrir sur le blog collectif, et qui à mon sens, valent la peine d’être découvertes, qu’on souhaite faire l’école à la maison ou pas.

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24 réflexions sur “Et si on n’allait pas à l’école ?

  1. C’est aussi un sujet qui m’intéresse beaucoup. Même si je ne m’en sens pas capable, ne serait-ce que parce que je veux bosser à l’extérieur de la maison. Et puis je suis pas sûre d’être assez patiente non plus…
    Je retiens ce que tu dis aussi sur l’éducation positive, j’aimerai bien y arriver aussi mais faut avouer, y a des jours où c’est dur. Pourtant, je sais que c’est pas vraiment constructif mais parfois, je craque un peu… 😦
    Bon cheminement dans votre réflexion. 🙂

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    • Oh oui c’est dur l’éducation positive. C’est facile de mettre des idées bien exprimées sur une page de blog, de défendre un principe, d’expliquer ses convictions, c’en est une autre de réagir tout le temps « comme il faut », quand on est super fatigué ou en colère !!
      L’instruction à la maison c’est un peu le même principe, il y a les théories, les convictions, et… il y aura la pratique. J’ai peur, mais j’ai très envie de le faire ^^

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    • Concernant la sociabilisation, lire « Retrouver son rôle de Parent », de Neufeld et Maté. Une réelle sociabilisation ne passe surtout pas par le modelage sur les pairs (ceux de la même génération, de la même classe, que favorise l’école), mais par des liens avec les adultes. Donc aucun souci à ce niveau là !

      Nous aussi, projet de bateau… et grosse question sur la « déscho »…

      Pour l’instant je ne m’en sens pas capable, je galère déjà à mettre en place la CNV et les activités Montessori pour mes miss de moins de 3 ans… mais je redoute tellement l’entrée à l’école !

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      • Oups, je n’ai pas relu les commentaires avant de répondre à working-mum, c’était ici l’ouvrage sur la socialisation et pas sur la partie VI ^^ Merci, je vais voir pour me le procurer. J’ai déjà lu des extraits qui semblent montrer qu’effectivement, confronter l’enfant à autre chose qu’uniquement ses pairs est très important. D’ailleurs, si ça se fait naturellement pour les non-sco, je pense que ce sont des lectures très intéressantes pour les enfants scolarisés, pour élargir leur cercle ?
        Et comme je disais dans un autre commentaire, c’est vrai que c’est pas simple d’envisager une éducation différente de celle reçue (la CNV-Montessori que j’adore !), ni une instruction différente de celle reçue (l’école). A la fois je suis extrêmement convaincue des voies qu’on veut prendre, à la fois j’ai très peur parce que sortir des sentiers battus c’est forcément plus difficile qui suivre ce qu’on connaît déjà !

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    • J’espère que j’aurai l’occasion d’en reparler, on m’a conseillé un ouvrage sur le sujet dans un commentaire de la partie VI si tu peux aller voir. De ce que j’en ai lu, c’est souvent le sujet qui inquiète le plus les parents, alors qu’en fait c’est celui qui se fait le plus facilement, parce qu’un enfant à la maison est amené à croiser plein de monde au quotidien

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      • Ton article m’a fait beaucoup rire ! Et renforcée encore un peu plus dans l’envie de me lancer… Je dois encore travailler le côté sorties, mais ça va venir 🙂

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  2. Très intéressant, même si ça ne convient pas avec ce que je souhaite pour mes enfants. J’ai adoré l’école (le collège ça a été différent), ça doit beaucoup jouer. Et pour l’instant l’équilibre que nous avons, c’est-à-dire, conforter ou apporter des éléments supplémentaires à ce que ma loupiotte voit à l’école, fonctionne bien pour nous.

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    • Loin de moi de toute façon l’idée qu’il faille supprimer l’école et que l’instruction à la maison est la meilleure de choses pour tout le monde. C’est vraiment un choix personnel et au cas par cas, et qui peut fonctionner ou pas. Par contre j’avais envie de partager les idées de Holt parce que ce qu’il dit peut aussi effectivement donner des idées d’accompagnement autour de l’école 🙂

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    • Oui c’est sûr !! C’est un choix de vie, un choix de couple et de famille, une réorganisation complète quand les deux parents travaillent à l’extérieur, ça ne se fait pas à la légère

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  3. En théorie, je trouve ça super. En pratique, ça me parait éminemment compliqué! C’est très contrôlé et très encadré donc au final, cette liberté perd (pour moi) beaucoup de son charme. Mais si tu tentes l’aventure, je serai curieuse de lire ton ressenti.

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  4. 3 ans d’école à la maison ici! Une très belle aventure, de merveilleux souvenirs pour tout le monde, un enrichissement à tous points de vue, aucun regret! 🙂 Aujourd’hui 3 sur 4 à l’école parce qu’ils l’ont voulu, parce qu’ils étaient « prêts » et pour le coup, ce qui n’aurait pas du tout été le cas il y a 3 ans, et bien l’école c’est aussi aujourd’hui « que du bonheur » pour eux! 😉

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  5. Mes enfants ne vont pas à l’école. Les deux grands y sont allés mais pas la dernière, qui a 6 an et demi. Je vois une nette différence entre les deux premiers et la dernière, qui a conservée intacte sa curiosité de petit enfant, là où les deux grands rament encore un peu (mais ça va mieux).
    Je croyais aussi que c’était difficile, que je ne supporterai pas d’être toute la journée avec les enfants, etc. Donc ils sont allés à l’école, jusqu’à ce que l’idée s’impose. Et en fait, tout devient plus facile : ils grandissent, donc ils écoutent mieux et comme nous sommes plutôt CNV (on ne crie pas, on ne menace pas, etc.), tout est plutôt cool (évidemment, pas tout le temps, ce sont des enfants…).
    Je continue de travailler, à mi-temps et à la maison.

    Personne ne voudrait revenir en arrière. Les enfants ont la liberté de se lever à l’heure qui leur plait, peuvent aller jouer lorsqu’ils ont fini leur travail, peuvent choisir leurs sujets d’étude… Le bonheur, quoi 🙂

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