Il y a des années de cela, on avait son médecin de famille. On le respectait, on lui donnait du « docteur », on avait toute confiance en lui, il faisait partie des notables de la ville. On ne remettait pas sa parole en doute. En tout cas c’est le tableau qu’on nous peint. Mais je ne crois pas me tromper en disant qu’on avait beaucoup plus confiance en son médecin avant l’avènement d’internet que maintenant.
Maintenant on a un peu trop conscience que les médecins ne sont que des humains, avec des limites, des faiblesses.
Maintenant qu’il y a internet et les réseaux sociaux, on parle de nos problèmes médicaux, on a accès à beaucoup d’information. Maintenant, on arrive souvent en consultation avec « j’ai lu que » « on m’a dit que » « je sais que ». Maintenant on arrive en consultation avec déjà une idée sur la question, sur le diagnostic, et parfois même avec ce qu’on aimerait se voir prescrire…
C’est vrai que c’est pratique. Par exemple quand on est maman débutante, et qu’on constate quelque chose sur son enfant, un petit surf et hop, on a des astuces, on sait un peu quoi faire, quoi surveiller, quand s’inquiéter.
Cependant il faut faire du surf « intelligent » et n’y aller qu’après une bonne méditation zazen, car il faut s’attendre à trouver :
– tout
– n’importe quoi
– du très flippant
– de l’exhaustif
– de l’incompréhensible
– des pdf de cours de médecine
– …
(J’en profite pour te rappeler, cher internaute, que quand tu surfes médical il est bon de vérifier que le site que tu lis dispose du sigle HONcode, et qu’il ressemble à ça :
)
Ca évite de se retrouver à l’hôpital à la moindre fièvre.
Oui mais… C’est aussi dangereux.
Justement parce que déjà, il ne faut pas surfer n’importe comment. Et qu’on a vite fait de ne lire que ce qu’on a envie de lire, aussi bien dans le flippant que dans le rassurant. Et qu’on a vite fait d’appliquer un conseil pas du tout adapté.
Et c’est aussi dangereux parce que justement, on en vient à remettre en cause ce que vont nous dire les médecins.
Parce qu’on s’est informé, qu’on a discuté, qu’on est renseigné, et qu’on sait. Ou qu’on croit savoir. C’est là qu’est le danger.
J’observe beaucoup de retours de consultations bardés de « il m’a dit ça, mais pfff c’est n’importe quoi, moi je sais bien ce qu’il faut faire ». En général accueilli par un « t’as bien raison, de toute façon c’est ton enfant, y’a que toi qui sait ce qui est bon pour lui ».
Bon, alors là on est dans l’expression qui me gène énormément. OUI un parent connaît son enfant mieux que quiconque. Il sait détecter quand quelque chose ne tourne pas rond. Son instinct lui dicte beaucoup de choses qui, sans qu’on sache toujours dire pourquoi, se trouvent exactes. Mais tous les parents n’ont pas fait médecine. Il faut quand même reconnaître que nos médecins ont quelques années d’études et de pratique que nous n’avons pas.
Alors toute la question posée est celle d’un équilibre assez difficile à trouver.
Garder son esprit critique vis-à-vis de ce que nous disent nos médecins. Pour laisser parler notre instinct, pour se faire confiance, pour rester vigilant face à ces membres du corps médical qui, comme tout le monde, peuvent se tromper et être influencés.
Accepter qu’on ne peut pas tout savoir, et qu’on peut se tromper aussi. Qu’une critique n’est jamais agréable à entendre, d’autant plus quand elle est mal formulée, mais que se remettre en question ça peut aussi aider à avancer.
Tout en évitant de se culpabiliser sans cesse en remettant en question toute notre façon de faire…
(Image chipée ici.)