Bon, il faut quand même que je participe à ma propre rubrique (PAGE NON ENCORE CREEE), hein. Voici donc mon premier article pour cette série de témoignages.
Laisse-moi te parler de ces journées où bébé hurle.
Laisse-moi déjà te parler de ma patience.
Je puzzle (genre même un truc de 18 000 pièces), je tricote (genre des pulls avec des torsades dans tous les sens), je peux passer des heures à monter un meuble suédois. Je ressemble a priori à quelqu’un de patient.
En fin de compte, je ne sais pas si je le suis.
Ce que je sais, c’est que tant que je sais que je suis capable d’atteindre mon but, je peux y passer des heures, des jours, des semaines, des mois.
Mais dès lors que je doute, je perds très, très, TRES vite patience. Parce que je me dis que de toute façon, je ne vais pas y arriver, que je vais dans le mur, que ça ne sert à rien, que ça va être l’horreur etc etc.
Laisse-moi également te citer un passage d’un site fort célèbre que je n’aime pas du tout (bien que bourré de bonnes informations) et dont je tairais du coup le nom « les pleurs sont adéquatement dérangeants: suffisamment stridents pour obtenir l’attention de celui ou celle qui s’en occupe, mais pas au point de lui faire vouloir échapper au son entièrement. »
Et là j’ai envie de dire à l’auteur : viens-donc en stage ! Viens-donc un jour où le nain te hurle dans les feuilles pendant DES HEURES ! Et REPETE-MOI que tu n’as pas, comment t’as dit ? envie « d’échapper au son entièrement » !!
Bah moi je te dis dans ces moments, t’as tellement envie d’échapper au son entièrement, que tu mets des boules quies. Que tu sors sur le pallier. Que tu voudrais sortir tout court. Que tu sors dès que ta moitié rentre. Que tu te mets la tête sous les coussins et que tu hurles pour ne plus rien entendre et pour te calmer !
D’ailleurs, j’ai lu sur un autre site (que je ne citerai pas non plus mais cette fois parce que j’ai oublié duquel il s’agit et que j’ai pas envie de chercher :P) qu’au contraire, le cri d’un bébé humain est un des sons les plus insupportables qui existent. Précisément pour qu’on ne puisse pas les ignorer, et qu’on fasse tout pour les faire cesser.
Tout. C’est comme ça que des bébés meurent d’avoir été secoués. Par des parents qui n’en pouvaient juste plus. Par des parents que je n’excuse pas, mais que je comprends.
Quant à ne pas pouvoir les ignorer, honnêtement, il y a des moments où je suis dans un tel état de fatigue que je pense que je pourrais dormir avec le bébé qui hurle dans la pièce à côté.
Quand bébé hurle et que je ne sais pas pourquoi, c’est juste une torture. Je ne su-ppor-te-pas.
Si je sais qu’il a faim, pas grave. C’est pas agréable, c’est fatiguant, je le gronde parfois un peu pour qu’il redescende dans la puissance du cri (et ça marche o_O), mais je supporte. D’autant que généralement on sait que ça va bientôt se terminer, le temps de rentrer (si on n’a pas été assez prévoyants en lait), de faire le biberon (ou d’en laver un et de le préparer), de finir la douche etc.
Mais quand je ne comprends pas, je pète un câble.
Et dernièrement, il y a une sieste qui ne passe pas, c’est celle du matin. On a un petit bonhomme qui a bien mangé, bien roté, fesses aux propres, avec tous les signes de fatigue, mais non, il lutte, il hurle à plein poumons, par moments c’est à se demander s’il ne va pas s’étouffer.
Et là commence la guerre.
La guerre entre la moi qui voudrait que je sois parfaite, calme, posée, réfléchie. Et la vraie qui voudrait juste que CA S’ARRETE, BORDEL et qui n’arrive pas à aligner deux pensées constructives pour essayer de comprendre. Ce qui empire tout. Je suis énervée -> bébé s’énerve encore plus -> je m’énerve encore plus -> je suis lobotomisée et je n’arrive même plus à tester des choses pour le calmer.
Alors on rustine des pseudo-solutions.
1/ hurler un bon coup dans un coussin. Ca évacue, permet de retrouver un peu de calme, et donc, de neurones.
2/ on applique les règles 3 et 4 (Mes règles de vie) à savoir « ne pas culpabiliser, mais raisonner » et « utiliser la colère comme énergie » pour essayer de comprendre.
3/ on fait suer son mari par Gtalk et il propose des idées.
Et des fois ça donne juste rien. Je finis par laisser pleurer plusieurs minutes parce que je ne peux pas rester dans la même pièce que petit bonhomme. Et je déteste ça. Surtout quand je sais que ça ne va pas s’arrêter et que c’est juste le laisser avec ce qui ne va pas, tout seul.
Et j’y retourne. Et on recommence. Et rien ne fonctionne. Et je le relaisse.
Et puis au bout d’un moment il s’endort d’épuisement, ou je le sors et je recommence un cycle change-biberon-jeu en attendant qu’il soit assez fatigué pour dormir.
Ce qui généralement me prive de déjeuner/le reporte très tard.
Ca me désole à un point…
… de le laisser comme ça, mais sur le moment, je n’ai pas d’autre choix. Je préfère, et je sais que c’est mieux pour lui, qu’il soit en sécurité dans son lit avec sa douleur éventuelle, que dans les bras d’une maman énervée, pleurante. Oh pas que je lui ferais du mal, non. Mais peur, oui. D’abord parce qu’il verra/sentira ma colère, ma fatigue, mes pleurs, ma détresse. Ensuite parce que dans ces moments-là je ne peux même pas le regarder, lui parler, communiquer.
… de me sentir si impuissante.
… de ne pas y arriver toute seule.
Je fais le moins pire des choix. En me ceinturant à la règle trois, parce que non je ne suis pas une mère indigne, je suis juste un être humain, avec des limites (et des soucis de santé qui n’aident vraiment pas en ce moment).
Dans ma famille j’ai toujours entendu dire qu’un bébé qui pleure c’est qu’il y a forcément un problème. Un bébé ne pleure pas « pour rien ». Donc il suffit de tester deux-trois trucs et ça roule tout seul.
Oui.
Mais y’a plus que deux-trois trucs.
Mais on ne pense pas toujours à tout tester, paske fatigue, paske contexte, pask’on est faillibles.
Mais des fois, on ne sait même pas quoi tester.
Mais des fois, on ne trouve juste pas.
Donc oui bébé pleure pour une bonne raison, je n’en doute pas.
MAIS LAQUELLE ????!!!! OU EST LE MANUEL ????!!!!
Depuis le RDV des 4 mois avec le médecin, on a peut-être une petite explication. On a testé une solution ce matin qui a l’air de fonctionner, mais je me méfie du hasard, alors j’attends un peu avant de vous en parler…
Mais j’espère qu’on a trouvé. J’espère que mes petites règles, qui commencent à s’installer au bout de quelques semaines de travail intensif, vont m’aider à progresser. J’espère aussi qu’on va trouver pourquoi je suis tellement fatiguée.
J’espère.