C’est le billet que je n’ai pas réussir à sortir mardi. Celui qui est resté coincé depuis. Celui sur lequel des choses s’empilent depuis. Alors je crois qu’il est temps de le publier.
Mardi il était en version énervée, écœurée, agressive. Il s’intitulait « Fuck. ».
Aujourd’hui il est en version lasse, triste, blessée.
Parce que j’en ai marre de me réveiller régulièrement sur le même type de cauchemar. Que quelqu’un que j’aime m’abandonne, me rejette, m’insulte, me quitte, me laisse, me repousse.
Par moments j’ai envie de fermer les volets, de quitter Twitter, Facebook, GTalk, de fermer le blog, et de vivre en ermite. Juste moi, mon fils, mon mari. Et personne pour nous faire du mal.
Parce que je voudrais bien avoir cette certitude, cette unique fucking certitude, que je suis la femme qu’il faut pour mon enfant. Mais je n’y crois pas, et je n’y croirai probablement jamais. Je crois que tout le monde peut être une bonne maman pour un enfant. Il suffit d’apprendre à le connaître et à répondre à ses besoins.
Parce que j’en ai marre de me justifier, d’enfiler les paires de gants les unes sur les autres pour parler, pour écrire, de prendre mille précautions. De me faire des nœuds à la tête, au ventre, et au cœur. De me demander toujours comment tourner les phrases pour qu’il n’y ait pas de mauvaise interprétation possible.
Et que, parfois, on ne me laisse même pas le bénéfice du doute malgré tout ça.
Plus que tout parce que j’en ai assez de me mettre en position d’infériorité, toute seule comme une grande, et que le boomerang me revienne dans la figure.
Marre de faire la carpette, de dire oui à tout, de demander pardon pour tout, d’être responsable de tout ce qui ne va pas dans mes relations, de m’excuser, d’être un tapis.
Assez d’être toujours la seule à avoir peur de perdre l’autre.
Assez de me demander pourquoi les gens sont près de moi.
Je ne veux plus baisser les yeux, baisser la tête, subir en silence. Hésiter chaque fois que je m’apprête à cliquer sur « Publier l’article », « Envoyer le mail », « Répondre au SMS », « Décrocher le téléphone ».
J’en ai marre de me taire. Beaucoup. Beaucoup trop.
Depuis Le jour où j’ai mis la culpabilité à la porte, elle tapote souvent à la vitre, et je l’envoie bouler.
Mais il reste tant de chemin à faire… Il y a pourtant aussi du chemin parcouru. Ne serait-ce que parce que je vais publier cet article.
Je ne sais pas où ça va me mener, mais je vais faire comme le dit la devise shadok (cf l’illustration de l’article d’hier) : « quand on ne sait pas où l’on va, il faut y aller, et le plus vite possible ».
Mardi soir, en allant en direction des tatamis, j’avais envie de vomir. Et je pense que ça m’aurait fait du bien. Envie de ME vomir. Envie de hurler « fuck the world, leave me in peace, just once ». (1)
Mais je n’ai pas vomi. J’ai tout gardé. Même mon écrit du soir.
Je me suis fait mal, physiquement. Ca m’a fait du bien, et encore plus de mal aussi.
Fuck, c’est moche, c’est vulgaire, c’est intraduisible. D’ailleurs, ça ne se traduit pas, ça se vit.
Et ce soir-là, c’était fuck, voilà.
(1) Merde au monde, qu’on me laisse en paix, juste une fois. (Il y a d’autres façons de le traduire.)
(L’image est tirée de cette page du site CSR and Management.)