Ca aurait dû me paraître long. Après tout je me suis levée à 4h du matin pour me recoucher à 23h. Mais le temps s’est écoulé très bizarrement tout au long de cette journée. Autant je pense qu’elle a été interminable pour mon mari, autant pour moi c’était comme une autre dimension.
Rappel : la veille, monitoring environ une semaine avant le terme théorique, pour voir si tout va bien. Col à peine ouvert. Comme l’appareil a enregistré une petite chute du rythme cardiaque de bébé (avec le recul et l’énorme monitoring du lendemain, je confirme que c’est surtout le capteur qui captait mon cœur au lieu du sien), on devait en refaire un le lendemain. Donc on avait RDV le 4 juin 14h pour un second monitoring de contrôle.
Lever donc à 4h du matin, chose très habituelle pendant la grossesse. Je ne sens pas bébé bouger, chose habituelle à cette heure-ci, mais je ne sais pas pourquoi, probablement à force d’entendre tous les membres du corps médical me dire que s’il ne bouge pas ou moins il faut foncer à la maternité, ça m’inquiète. J’essaie sans succès de le réveiller. J’essaie avec succès de réveiller le mari qui essaie sans succès de le réveiller. 5h, nous voilà en route.
EVIDEMMENT, on a à peine fait 500m que paf, mouvement dans le bidon, mais bon on est levés, on est en route, on se dit qu’on va aller contrôler, ça nous rassurera (enfin surtout moi, hein), et ça nous évitera d’y aller à 14h.
Donc monitoring et examen, et col ouvert à près de 3cm, et comme à 3, on considère que le travail a commencé, ben… non non madame vous ne rentrez pas chez vous.
Ah.
Vous êtes sûrs.
J’ai pas surfilé mes inserts.
J’ai pas fait ma lessive.
Avec le recul toujours et vu tout ce qu’il a fallu faire pour faire avancer la chose, on se dit que notre bonhomme n’aurait pas dû naître ce jour-là. Si on avait fait le monitoring à 14h et sans examen du col, ça serait passé inaperçu, et il aurait fait son chemin beaucoup plus lentement encore.
Mais voilà, une fois la constatation du col faite, on ne pouvait pas repartir.
Et comme les choses n’avançaient pas assez vite, il a fallu les forcer. Le personnel a été super et a tout fait pour respecter mes choix, notamment de chimie minimum, mais ça n’a pas été conciliable jusqu’au bout avec les règles médicales, du type on ne reste pas plus de deux heures à même dilatation, c’est trop long, bébé et maman risquent de fatiguer.
Alors rupture manuelle de la poche des eaux.
Puis hormone pour augmenter les contractions.
Puis péridurale paske maman est trop tendue, le col ne réagit quasiment pas aux contractions pourtant intenses.
J’ai l’impression que dès que j’arrive à me faire à une situation, à la gérer, on vient me dire que ça ne va pas assez vite, qu’il faut passer la vitesse supérieure.
Je suis déçue de ne pas réussir à faire venir bébé naturellement, je m’en veux un peu d’avoir eu cet instant de panique qui nous a fait venir si tôt (je parle pas seulement de l’heure) à la clinique.
Mais avec tout ce qui m’attend ensuite, ces sentiments s’enfonceront vite dans une sorte de flou.
Arrive la poussée, le moment probablement le plus bizarre de la journée.
20 minutes de poussée pour mettre bébé dans la bonne orientation (la tête mal inclinée, le dos du mauvais côté il me semble… je ne sais pas très bien ce qu’il se passait).
15 minutes pour l’expulsion à proprement parler.
J’ai le périnée hyper-tonique, impossible de le détendre assez. J’arrive à bien pousser mais bébé bloque dessus. Alors forceps, épisiotomie, sage-femme qui appuie sur le ventre. Et je pousse je pousse je pousse. Je ne comprends pas quand ils annoncent le temps écoulé, les minutes défilent mais je ne les vois pas passer.
J’ai l’impression d’avoir eu au moins deux absences, le sentiment par deux fois de me réveiller d’un rêve et de me dire mais qu’est-ce que je fais là ? Ah oui je pousse ! Est-ce qu’on peut s’évanouir pendant une poussée ? Il faudra que je demande à gygy.
Des souvenirs à la fois précis et confus. De gygy qui ne comprend pas pourquoi il me fait MAL alors que je suis sous péridurale. De gygy qui me dit qu’il ne veut pas m’entendre, si je crie pendant une poussée c’est qu’elle est moins efficace. De super sage-femme qui m’encourage, qui trouve les bons mots. De papa qui sue dans cette salle surchauffée à me maintenir le dos. De papa qui me rassure, qui me dit que je m’en sors bien.
Et puis tout d’un coup, à la fois plus rien et à la fois tout. Bébé est sorti, bébé est en train de se faire nettoyer. Bébé pleure. Bébé arrive sur mon ventre. Je le regarde, je n’y crois pas, mon bébé ? Ca y est c’est fait, on y est, on est parents ? Il me faudra plusieurs jours pour réaliser ça. Et il regarde partout mon bébé. Lui il est resté bien sage, bien stoïque, son cœur n’a pas bougé de tout le temps. Peut-être parce qu’il a été tellement habitué aux contractions ? En tout cas le voilà, maintenant on est trois !
Effectivement ton accouchement a été ardu et ton gynéco pas vraiment top. Peut-être que ces absences t’ont permis de t’évader un peu pour puiser encore plus dans tes réserves? En tout cas je vois très bien de quoi tu parles quand tu évoques le « flou », pour l’accouchement de la loupiotte je ne me souviens pas de grand chose…
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Je pense que le gynéco a été déstabilisé par mes réactions malgré la péridurale…
Le plus curieux dans tout ça c’est que je m’attendais à dire j’en peux plus j’en peux plus alors que tout ce à quoi je pensais c’était « mais on vient de commencer, bien sûr que je peux pousser encore » mixé avec « mais merde j’y arrive pas »
Je crois que ce flou est une garantie nécessaire pour pouvoir refaire des bébés 😀
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Euh, la sage-femme qui appuie sur le ventre ?! C’est une pratique interdite en France…
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Euh, genre, interdit interdit ? Avec une loi et tout ? J’y ai eu droit aux deux accouchements !
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Je croyais avoir lu ça, mais en fait, la HAS (Haute Autorité de Santé) recommande juste de l’abandonner car rien ne la justifie. C’est donc une recommandation, pas une interdiction…
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